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* offre soumise à conditions 😉

Le statut d’indépendant ou freelance et le statut de salarié sont fondamentalement différents. Il est donc compliqué de les comparer avec précision. Cet article va donc donner divers éléments de comparaison mais il ne faut pas tout prendre pour argent comptant. Chaque expérience est différente en fonction des choix de chacun et surtout des aléas de la vie !
A noter aussi que je vais parler d’une situation que je connais, dans un métier que je connais. D’autres professions auront probablement des expériences différentes.
Enfin, il est possible que je me trompe ou que j’aie pris des raccourcis un peu trop violents… auquel cas n’hésitez pas à me le signaler !

Your mileage may vary

Calcul de la rémunération d’un freelance

Commençons par le vocabulaire : selon le statut juridique de son entreprise et son choix personnel, un freelance peut être un Travailleur Non Salarié (TNS). Il peut aussi toucher des dividendes. Dans cet article, on parlera de rémunération pour englober à la fois le freelance TNS et le freelance salarié.

Ce que l’entreprise du freelance reçoit hors taxes s’appelle le chiffre d’affaires (CA). C’est du brut de brut. On doit enlever de ce chiffre les frais : achats, services, remboursements, assurances… c’est très varié et dépend de chacun. Enfin, on provisionnera les charges sociales (assurance maladie, retraite, URSSAF), qui représentent 30 à 50% de ce qui reste. Ce taux est fonction du statut de l’entreprise ainsi que du choix de se verser ou non des dividendes, qui ont une fiscalité à part et que je ne traiterai pas ici.

Par exemple, dans le cadre d’une mission en régie avec un tarif journalier (TJ), on aura donc : CA = nombre de jours facturés × TJ. Et donc rémunération nette = (CA – frais) × 0.5 (ou × 0.7).

Il existe plusieurs simulateurs, plus ou moins à jour, permettant de calculer la rémunération en fonction de tout ce qui vient d’être dit. En voici deux : In my pocket et Imoteq (un peu en retard sur les données). Il ne faut pas s’y fier pour des calculs précis mais ils donnent un bon ordre d’idée de ce à quoi s’attendre.

Comparaison avec le statut de salarié sur un exemple simple

Voici Xavier, salarié en SSII parisienne. Au statut salarié, il est à la convention Syntec et travaille 215 jours par an (soit environ 35 jours de congés par an) pour un salaire brut annuel de 50 000 € soit grosso modo 37 000 € nets annuels avant impôts. La SSII de Xavier facture 500 € HT par jour à son client. C’est un salaire correct pour ce type de tarif si Xavier ne s’investit pas beaucoup chez son employeur.

Un homme, devant deux écrans contenant vraisemblablement du code, fait face à la caméra avec un grand sourire.
Ca c’est Xavier, il est content parce qu’il fait du TDD.

La freelance touche 67% de plus que le salarié avec 3 semaines de congés en plus.

Voyons maintenant Cécile, qui occupe le même type de poste que Xavier chez le même client. Elle est freelance et a monté sa structure en EURL. Elle facture 500 € HT par jour à son client et n’a pas d’intermédiaire. Attention, lorsqu’il y a un intermédiaire, cela signifie que le client va payer plus ou, à tarif égal, que le ou la freelance va percevoir moins. Ensuite, Cécile aime les vacances et ne va facturer que 200 jours, soit 3 semaines de congés de plus qu’en SSII.

Concernant les frais, Cécile a un compte bancaire professionnel qui lui coûte un peu plus de 400 € HT par an. Elle a aussi un comptable qui lui facture ses services un peu moins de 2000 € HT par an. En termes d’assurances, on va partir du principe que Cécile est assez prudente : elle a une mutuelle (~800 € HT par an), une prévoyance (~800 € HT par an) et une responsabilité civile professionnelle (~700 € HT par an). Elle se rembourse aussi entièrement son pass Navigo (~800 € par an), son forfait internet et son forfait téléphone aux 5/7èmes (~500 € HT) et 15 € par repas du midi (3000 €). Cécile achète aussi des licences logicielles (~300 € HT par an) et du matériel informatique (mettons 500 € par an). On a donc un total de frais annuels de 10 000 €.

Une femme en tenue décontractée à son bureau, sourit à la caméra.
Ca c’est Cécile avant qu’elle ne trouve un comptable compétent. Elle sourit sur la photo mais en fait elle galère grave.

A partir de là, calculer la rémunération de Cécile est assez simple. CA = 200 x 500 = 100 000 €. Il reste 90 000 € en enlevant les frais. Pour les SARL/EURL d’activité de conseil, les charges sociales représentent un peu moins de 45% du revenu de Cécile. En prenant le problème dans l’autre sens et en posant l’équation, on a :

  • charges = 0.45 × rémunération
  • rémunération + charges = 90 000
  • donc rémunération + 0.45 × rémunération = 90 000

⇒ rémunération = 90 000 ÷ 1.45 ≅ 62 070 € nets avant impôts.

La différence est flagrante : sur un même poste, à TJ égal, la freelance en EURL touche 67% de plus que le salarié avec 3 semaines de congés en plus ! On est même à +82% (67 240 € nets) si Cécile décide de travailler 215 jours comme Xavier. Sans parler de la récupération de la TVA sur pas mal de frais (hello le smartphone à -20%).

4 personnes munies de pelles, à l'intérieur d'un coffre-fort, soulèvent des tas de pièces d'or
Du coup, Cécile a embauché des gens pour l’aider à ranger son compte en banque. Et elle a pris un comptable.

Comment ça se fait ?

Bien évidemment, il y a une explication à cette différence et ce n’est pas “les SSII nous exploitent” 🙂 (quoique dans certains cas…) On en discutera dans un prochain article ! En attendant, et pour les personnes les plus motivées, voici un article très complet sur le calcul détaillé de la rémunération et des charges en fonction du statut SARL/EURL ou SAS/SASU. On y voit notamment l’impact des dividendes dans le calcul des charges et de l’impôt sur le revenu.


Guillaume Téchené

Software developer since 2000, I try to make the right things right. I usually work with .Net (C#) and Azure, mostly because the ecosystem is really friendly and helps me focus on the right things. I try to avoid unnecessary (a.k.a. accidental) complexity and in general everything that gets in the way of solving the essential complexity induced by the business needs. This is why I favor a test-first approach to focus first on the problem space and ask questions to business experts before even coding the feature.