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Suite à l’article expliquant les différences de rémunération entre freelance et salarié, je vais creuser un peu plus les difficultés auxquelles le freelance doit s’attendre et comment y remédier ou comment les atténuer.

L’inactivité

Attention à ne pas sombrer dans la dépression !

Évidemment, comme on n’est pas en CDI, on n’est pas payé dès la moindre période d’inactivité. Donc forcément la pression monte vite d’un cran. J’ai été dans ce cas entre mi-juin et début septembre 2017 suite à une fin de mission imprévue. Même si c’est vrai que c’est un peu stressant, il faut savoir réagir et prendre du recul.

Mes conseils :

  • Toujours avoir de la trésorerie de côté pour les mauvais jours. Cela peut prendre plusieurs formes, soit des réserves (sur compte pro ou perso), soit des aides lors de la création de l’entreprise (type ARCE si on peut en bénéficier).
  • Ne pas accepter n’importe quoi parce qu’on est en mauvaise posture. Sinon on va passer à côté d’une belle opportunité si on avait attendu 1 ou 2 semaines de plus. Au contraire, il vaut mieux faire un plan du type : “je me donne jusqu’à telle date pour trouver vraiment une mission ou un projet bien, ensuite je baisserai mes exigeances sur tel ou tel point pour finir par accepter le premier truc qui vient à partir de telle date”. Tout en listant les moyens pour arriver à chaque objectif.
  • En profiter pour faire ce qu’on ne peut pas faire d’habitude : administratif, compta, apprendre de nouveaux trucs… et aussi souffler ou partir en vacances !
  • Solliciter son réseau. Il ne faut pas culpabiliser de contacter d’anciens collègues avec qui on a apprécié de travailler. Au pire ça ne marche pas et rien n’en découle, au mieux on trouve un poste sympa avec des gens de confiance.
  • Diversifier son activité. Eh oui, le bon vieux coup du “ne pas mettre ses oeufs dans le même panier” ! On peut par exemple faire 2 missions en temps partiel, assurer des missions de formation de façon ponctuelle mais régulière, etc…

La suractivité

C’est l’inverse du point précédent : on a peur de l’inactivité et on se met la pression. Du coup on travaille beaucoup pour facturer autant que possible pour se mettre à l’abri.

Un coureur cycliste fonce la tête la première dans une barrière le long de la route.
A un moment, faut lever la tête…

En tant que freelance, on est sa seule ressource.

C’est un mauvais choix car c’est paradoxalement une vision très court-termiste. D’une part parce que les longues périodes de “crunch” se paient avec intérêts : lorsqu’on passe une période à travailler beaucoup, on a besoin d’une période plus longue pour récupérer. D’autre part parce que les heures supplémentaires ne sont plus productives après quelques semaines. Ces illustrations sont tirées de cette excellente présentation (en anglais).

Les symptômes sont simples à voir : quand on commence à se dire “ahlàlà, si je prends un jour de congé, ça va me coûter XXX €” ou quand on commence à culpabiliser de ne pas en faire assez. En gros, dès qu’on assimile un congé “de choix” (par opposition à de l’inactivité subie, par exemple entre 2 missions ou projets) à une perte d’argent, on est dans le mauvais état d’esprit. C’est pourquoi il est important de budgeter à l’année et de mettre en place des solutions de secours (voir mes conseils dans le paragraphe précédent).

En tant que freelance, on est sa seule ressource. Si on ne se ménage pas, on va finir épuisé et du coup on sera obligé de s’arrêter plus longtemps que ce qu’on a cravaché. Ce qui ira à l’encontre du but recherché initialement !

Négocier un prêt immobilier

Là, on touche à un problème difficile à résoudre dans la pratique. Lors d’une demande de prêt, les banques vont demander soit les dernières feuilles de paie (cas salarié), soit les 3 derniers bilans comptables (cas travailleur non salarié).

Pour les freelances au statut SASU, on peut fournir les feuille de paie. Mais souvent, pour des raisons d’optimisation fiscale, les salaires ne seront pas énormes pour avoir une bonne partie du revenu sous forme de dividendes. Du coup, difficile d’avoir un taux convenable ou même d’avoir une demande de prêt acceptée.

Pour les Travailleurs Non Salariés, c’est simple mais plus long : 3 bilans comptables signifient au moins 3 ans d’activité. Il faut évidemment que les bilans soient bons, mais aussi la part de revenus puisque c’est avec cet argent que le crédit sera remboursé, pas avec le CA…

Un homme, l'air ennuyé, fait face à une femme qui a une feuille à la main.
“Oui donc comme vous êtes TNS, pour votre prêt je pense que vous pouvez aller voir ailleurs, merci, bonne journée”

Bref. De manière générale, il est conseillé de gérer tous ses prêts immobiliers avant de partir freelance et de ne plus s’en préoccuper avant d’avoir une situation stable et pérenne pendant quelques années. Je sais qu’il existe des structures permettant de jouer le rôle de caution mais je ne sais pas lesquelles ni si ça marche à tous les coups… à creuser.

Dans le prochain article, j’aborderai la question des délais de paiement, la couverture sociale et l’aspect de la solitude.


Guillaume Téchené

Software developer since 2000, I try to make the right things right. I usually work with .Net (C#) and Azure, mostly because the ecosystem is really friendly and helps me focus on the right things. I try to avoid unnecessary (a.k.a. accidental) complexity and in general everything that gets in the way of solving the essential complexity induced by the business needs. This is why I favor a test-first approach to focus first on the problem space and ask questions to business experts before even coding the feature.